Par Abdelmajid SAHNOUN*|
La Tunisie a eu du mal à se procurer le fameux vaccin. Ce serait désormais chose faite, la campagne de vaccination ne devrait plus tarder. Ce fut fait en lançant des appels, des cris d’alarme pour secouer le gouvernement à prendre des risques et à agir.
S’il ne fait aucun doute que le vaccin est la solution la plus efficace contre cette terrible pandémie, on ne sait pas dans quelle mesure et pour combien de temps les finances de l’Etat pourront supporter une telle charge. Il faut bien intégrer, en effet, que la protection par le vaccin, serait de huit mois à une année en moyenne et qu’il faudrait, dès lors, comme pour la grippe, renouveler l’injection selon la périodicité de l’immunité vaccinale, d’autant que nous sommes en présence d’un virus qui mute, nécessitant une constante adaptation.
La vaccination de l’ensemble de la population semble d’autant plus compromise, qu’outre les problèmes budgétaires, une étude récente réalisée par Emrhod consulting, a indiqué que seuls 40% des Tunisiens accepteraient de se faire vacciner. On serait là loin du compte pour espérer acquérir une immunité collective qui permettrait au pays de repartir économiquement, en laissant les personnes circuler de nouveau librement.
Tenant compte de ces éléments financiers et scientifiques, il est fort probable qu’avec le seul vaccin, la population resterait soumise à ce fléau pour encore longtemps.
Une nouvelle perspective de lutte s’offre désormais à nous, avec l’arrivée prochaine annoncée d’un médicament qui traiterait la maladie à titre curatif. Ce serait certainement pour nous, Tunisiens, une solution complémentaire, adaptée à notre situation propre. Certes, la vaccination resterait la base de la lutte contre le Covid-19, mais pour tous ceux qui ne pourraient ou ne voudraient pas être vaccinés, ce serait un moyen de les soigner et, par conséquent, de sortir de la crise.
Les choses commencent à bouger sérieusement dans le domaine du traitement de la maladie. Rien qu’en France, les CHU de Limoges et de Mont-de-Marsan testent actuellement un médicament, le XAV-19, l’essai clinique dont il fait l’objet est prometteur, on parle d’une mise à disposition du médicament dès cet été, la France est sur le point de signer une précommande.
On parle aussi d’un médicament qui aurait été efficace pour 96% des patients traités. Il est fort probable, que comme ce fut le cas pour le vaccin, d’autres médicaments créés par d’autres pays, vont arriver plus ou moins rapidement sur le marché.
Notons que le médicament français XAV-19 serait, pour le moment, surtout efficace pour des atteintes modérées, dont l’infection aurait été relativement récente. Mais le nouveau médicament éviterait pour cette catégorie de patients le passage en réanimation, ce qui est loin d’être négligeable.
Si les choses se concrétisaient, ce serait un moyen de soigner la plupart des malades et de réduire considérablement la propagation du virus, en attendant une évolution du médicament pour une efficacité vers les formes les plus graves du virus.
Je me permets alors, très modestement, de faire deux préconisations :
-Le ministère de la Santé, si ce n’est déjà fait, devrait s’intéresser à cette découverte avant qu’elle ne soit envahie par les nombreuses sollicitations qui ne manqueront pas d’affluer au fur et à mesure des essais cliniques. Nous pourrions envoyer des experts pour s’enquérir de la fiabilité du traitement au vu des premiers résultats et envisager, le cas échéant, une précommande, dans les meilleures conditions financières.
-Par ailleurs, la Tunisie, dont on sait que la principale ressource sont les ressources humaines, devrait envisager de contacter la start-up Xenothera à l’origine du projet et lui proposer d’installer en Tunisie des laboratoires pour la fabrication du médicament, qui pourraient desservir le Maghreb et l’Afrique en tout ou partie. La Tunisie, qui a quatre facultés de Médecine de renommée, possède un personnel médical de pointe, qui est certainement parmi les mieux formés.
Activons nos réseaux et notre diplomatie, gardons-nous de ne pas rater le tournant du médicament contre le Covid-19. Plus tard, il sera trop tard.
* Ancien haut fonctionnaire